La Covid-19 rythme notre quotidien depuis plus d’un an… L’impact du virus est considérable, notamment sur le sport professionnel. Alternant entre arrêt des compétitions et reprise partielle, cela a créé des disparités à tous les niveaux et a accentué celles déjà existantes entre le sport féminin et masculin.
Le maintien hétérogène des compétitions
La Covid-19 a eu des conséquences importantes sur le sport, notamment par l’annulation de certaines compétitions. Le sport amateur est encore à l’arrêt et n’a pas encore de visibilité sur un possible retour à la « normale ». Le sport professionnel, quant à lui, a connu une période d’arrêt durant le premier pic de l’épidémie mais a depuis repris.
Cependant, au sein même du sport professionnel, des disparités importantes existent. Le sport féminin, qui se développe depuis des années, n’apparaît pas comme une priorité, pour certaines disciplines, en cette période de crise sanitaire. En effet, les femmes semblent être les premières victimes de la Covid-19 dans le sport. Le sport masculin, considéré comme plus rentable économiquement, continue d’exister avec des compétitions maintenues dans la majorité, ce qui n’est pas toujours le cas pour le sport féminin.
La reprise partielle du sport repose sur une distinction entre sport « amateur » et sport « professionnel ». Ce statut est le point d’ancrage des différentes décisions prises à l’égard d’une reprise ou non des compétitions sportives. Ce distinguo entre les différentes pratiques est l’une des causes majeures des inégalités actuelles entre la pratique masculine et féminine. Toutefois, juridiquement parlant, cette distinction est incorrecte.
Le sport féminin, étant moins professionnalisé, voit ces compétitions plus facilement arrêtées.
En effet, en prenant l’exemple du football, les championnats de Ligue 1, Ligue 2 et National, championnats masculins, se poursuivent avec un protocole sanitaire strict. En matière de football féminin, seule la D1 Arkema continue, la D2 étant considérée comme un championnat amateur. Cette disparité a notamment été vivement critiquée par les clubs de D2. Pourtant, leur détresse semblait avoir été entendue et une décision de reprise de championnat avait été actée. Cependant, cette décision a vite été changée, avec la dégradation de la situation sanitaire, et le championnat de D2 ne reprendra pas d’aussitôt. Ce déséquilibre n’en ait que renforcé avec le maintien de la Coupe de France masculine, mais pas celle féminine.
De même, pour le hockey-sur-glace, qui, actuellement, ne maintient que deux championnats masculins que sont la Synerglace Ligue Magnus et la D1.
Les instances de ces deux sports devraient s’inspirer d’autres disciplines comme le basketball, le volley-ball, ou encore le handball, qui prennent en compte la situation sanitaire actuelle et organisent le maintien ou l’arrêt des compétitions avec une certaine cohérence. Pour le handball, cela va même au-delà avec la mise en place de la Convention Collective du Handball Professionnel Féminin, le 15 mars dernier. Cet événement confirme la volonté d’installer un équilibre Homme-Femme, puisqu’après avoir été mise à l’arrêt (considérée comme « amateur »), la D2 Féminine a pu reprendre, grâce à la reconnaissance d’un statut « semi-professionnel » permettant la poursuite du championnat. Ainsi, aucune différence n’est à noter. En effet, les championnats de Nationale 1 et inférieurs sont arrêtés, féminin comme masculin.
Concernant le basketball, la Ligue 2 Féminine se poursuit. Néanmoins, le contraste entre la pratique masculine et la pratique féminine s’observe au niveau inférieur puisque la Nationale 1 masculine se déroule pendant que celle féminine est à l’arrêt.
Un passage au second plan du sport féminin…inquiétant
A l’instar des compétitions nationales, les compétitions européennes/internationales sont également impactées par la Covid-19.
L’Euro féminin 2021 a été reporté en 2022 afin de laisser sa place à l’Euro masculin. De même, le Tournoi des Six Nations féminin (rugby) a également été reporté tandis que son homologue masculin se déroule en ce moment-même. Dans le même temps, la Coupe du Monde de Rugby féminine s’est vue repousser à 2022.
Ces changements de calendrier mettent en lumière la place et l’intérêt portés au sport féminin lorsque les situations deviennent complexes. En effet, des solutions sont trouvées pour le sport masculin. Cependant, ces dernières engendrent des problématiques importantes pour le sport féminin dont on semble peu se préoccuper.
Cela laisse penser qu’une nouvelle fois, le sport masculin prévaut sur le sport féminin. L’impact économique du sport masculin paraît, malheureusement, être trop important pour trouver une équité entre hommes et femmes et creuse même les différences durant cette période de crise sanitaire.
Outre l’impact économique dévastateur pour le sport féminin, l’essence même du sport est bafoué. Les sportives sont privées de ce qui les anime au quotidien : la pratique de leur sport. La Covid-19 a freiné la dynamique de la popularisation et de valorisation du sport féminin développée ces dernières années. En effet, le sport a su attirer de nouvelles pratiquantes par le biais d’événements sportifs majeurs tel que le mondial de football féminin 2019, organisé en France. Ces événements, aujourd’hui annulés ou reportés, sont autant de vitrines baissées.
Le sport féminin est dans une période charnière de son développement. C’est pourquoi, il sera important d’apporter des solutions afin de retrouver cette dynamique d’avant crise sanitaire.
La situation est à relativiser puisque la Covid-19 impacte le sport dans sa globalité. Le sport va devoir se reconstruire, et se réinventer pour attirer toujours plus de pratiquant(e)s afin de continuer d’être un acteur indispensable de la société. En espérant que les réflexions engagées sur la renaissance post-covid du sport ne délaissent pas la dimension féminine.
Ainsi, face aux conséquences de la Covid-19, les sports collectifs féminins tentent de ne pas perdre le fil de leur développement malgré le bouleversement dans l’organisation des compétitions.