L’image des joueurs dans FIFA : EA SPORTS, is it just a game ?

19 juin 2021

L'image des joueurs dans FIFA : EA SPORTS, is it just a game ?

« Qui a autorisé FIFA EA Sport à utiliser mon nom ou mon visage ? »

Zlatan IBRAHIMOVIC

Cette phrase twittée par l’attaquant suédois a mis le feu aux poudres en ce qui concerne l’image des joueurs de football dans les jeux vidéo. En effet, derrière la simple apparition d’un sportif lors de vos parties se cache d’énormes enjeux économiques. Par exemple, un joueur de Ligue 1 en 2021 touche 250 euros par an pour voir son avatar dans le célèbre jeu Fifa 2021. Or cette somme semble dérisoire au regard des revenus de ses footballeurs. C’est pourquoi, 300 joueurs à travers le monde souhaitent négocier différemment leur droit d’image afin de bénéficier de plus grand revenu grâce à leur présence dans ce jeu vidéo. Ainsi, il convient d’appréhender la négociation actuelle des droits d’images des joueurs de football dans les jeux vidéo (I) afin de comprendre pourquoi dans certain cas cette négociation classique devient impossible (II).

I) Des négociations à la charge des syndicats de joueurs en général

Les footballeurs comme tout à chacun disposent de leur image, ils peuvent donc la commercialiser comme ils le veulent

Cependant il existe, en sport, une exception à ce principe universel. Lorsque la promotion de leur club est en jeu, la gestion par les joueurs de leur image est amoindrie. En principe, au sein du contrat liant le joueur au club, une clause prévoit que le joueur permet l’utilisation de son image par le club. 

Cette notion abstraite s’illustre parfaitement en France. Les joueurs ayant un contrat avec un club français peuvent voir leur droit à l’image être géré par le syndicat national de joueurs du pays dans lequel ils évoluent. C’est-à-dire, par exemple, que si un footballeur professionnel évoluant en France est adhérent à l’UNFP, qui est le syndicat national de joueurs en France, c’est ce syndicat qui aura pour mission de négocier le droit à l’image des joueurs professionnels adhérents. 

Cette négociation actuelle des droits à l’image des footballeurs dans la licence FIFA de EA Sports s’illustre par l’article 280 de la charte de l’UNFP qui dispose que : « L’édition, la reproduction ou l’utilisation de l’image individuelle et collective des joueurs professionnels évoluant en France et regroupant simultanément plusieurs joueurs de plusieurs clubs ne pourront être réalisées qu’avec l’accord et au profit de l’UNFP. Ces réalisations pourront faire état de symboles et marques des clubs dont les joueurs sont issus. »

Le droit conféré par l’article 280 de la charte de l’UNFP de disposer du droit à l’image des joueurs en matière de reproduction dans les jeux vidéo tel que FIFA est par la suite rétrocéder à la FIFPro. La FIFPro étant la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels, elle est donc en quelque sorte le syndicat mondial des footballeurs professionnels. C’est-à-dire qu’elle regroupe en son sein la quasi-totalité des syndicats nationaux de joueurs.

Ainsi, en étant membre d’un syndicat national de joueur vous êtes membre de la FIFPro. 

Or c’est cela que dénonce Zlatan Ibrahimovic dans son tweet lorsqu’il dit : « Je ne suis pas, à ma connaissance, membre de la FIFPro et, si je le suis, j’y ai été inscrit à mon insu et au travers d’une manœuvre bizarre ».

En effet, un joueur n’est pas obligé d’être membre du syndicat national de joueurs (sauf en Angleterre) comme il ne peut être obligé d’être membre de la FIFPro. 

C’est pourquoi Zlatan Ibrahimovic comme Gareth Bale, par exemple, souhaitent se désolidariser de la FIFPro afin de négocier différemment ou de négocier eux-mêmes ces droits d’images relatif exploités par la FIFA.  

II) Les négociations dites « classique » rendus impossibles

Suite à ces déclarations et aux réactions qu’elle a suscitée, la négociation des droits à l’image des joueurs de football pourrait évoluer. L’intermédiaire entre les joueurs et EA Sports pourrait ne plus être les syndicats nationaux ou la FIFPro mais directement les clubs comme c’est déjà le cas pour certaines équipes qui ont des partenariats avec Fifa. 

En effet, EA Sports a déjà passé des accords de partenariat ciblés avec de nombreux clubs européens leur permettant de modéliser dans le jeu des stades mais aussi des visages plus précis pour les joueurs. Il serait donc possible que Fifa négocie directement le prix de ces droits à l’image des footballeurs avec leur club. Cette solution est envisageable puisqu’elle est réalisable aussi bien sur le plan « politique » que sur le plan juridique. 

D’une part, sur l’aspect « politique » puisque Fifa ne peut pas négocier individuellement les droits à l’image de chaque joueur, en négociant avec les clubs EA Sports auraient donc moins d’interlocuteur. Mais aussi puisqu’en négociant directement avec les équipes, les revenus liés à l’exploitation de l’image des joueurs seraient plus conséquents et ainsi permettraient aux joueurs de gagner d’avantage d’argent pour figurer au sein du célèbre jeu vidéo. 

D’autre part, sur l’aspect du droit puisque comme expliqué précédemment dans le contrat liant le joueur à son club une clause relative à l’utilisation de l’image du joueur est intégrée. Cette dernière prévoit que le joueur autorise expressément l’utilisation de son image par le club en échange, parfois, d’une rémunération.

En conclusion, suite à la protestation de nombreux acteurs du football européen la négociation de l’image des joueurs de football pour les jeux vidéo pourrait changer. Les syndicats n’auraient plus leur voix au chapitre lors de ces négociations. Ils laisseraient leur place aux clubs, ce qui aurait pour avantage de garantir des revenus plus conséquents pour les joueurs.

Cependant ce ne serait pas le seul avantage, l’accord des joueurs pour l’exploitation de leur image serait plus explicite puisqu’il serait issu d’une clause présente dans leur contrat. 

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