Les contrats de vente d’alcool dans les débits de boissons en France

15 janvier 2022

Les contrats de vente d’alcool dans les débits de boissons en France

La France est un des pays les plus producteurs d’alcool avec une 3ème place européenne et une 9ème place mondiale mais elle en demeure pas moins aussi consommatrice avec une 6ème place parmi les 34 pays de l’organisation de coopération et de développement économiques.

La vente d’alcool est très réglementée en France et notamment depuis la Loi Evin de 1991 qui limite le droit de faire de la publicité pour les boissons alcoolisées.

Seulement lorsque l’on rentre dans un débit de boissons ou un restaurant on ne se demande pas spécialement quels sont les droits en terme de vente de boissons alcoolisés et comment sont régit les contrats passés avec les producteurs.

Les conditions de vente pour l’exploitant d’un débit de boissons

Afin de pouvoir vendre des boissons alcoolisées, il faut demander et obtenir une licence. Il existe plusieurs types de licences qui donne droit à une vente de boissons contenant un degré plus ou moins fort en alcool. La licence III permet de vendre des boissons alcoolisés comme la bière, le vin, les liqueurs de fruits comprenant moins de 18° d’alcool. La licence IV permet quant à elle de vendre tout alcool fort comme le rhum et tout autre alcool distillé.

Il est obligatoire de remplir plusieurs conditions de formes afin d’obtenir une licence comme le fait d’être majeur ou mineur émancipé, ne pas être sous tutelle, ne pas avoir fait l’objet d’une condamnation pour la commission d’un crime et ne pas avoir été condamné à plus d’1 mois d’emprisonnement pour certaines infractions pénales ce qui encourt l’incapacité d’obtenir une licence pour une durée de 5 ans.

Cette obligation d’être titulaire d’une licence pour les établissements souhaitant vendre de l’alcool s’applique par exemple au café, bar, pub, discothèques et autres pour les établissements proposant un service sur place. L’obligation s’étend également à des établissements de consommation à emporter comme les supermarchés, caviste ou encore une vente sur internet. Pour tout débit temporaire de type salon, une simple autorisation de la mairie de la ville concernée est suffisante.

Par ailleurs, l’article L3322-8 du Code de la santé publique interdit la délivrance de boissons alcoolisées au moyen de distributeurs automatiques.

Les contrats entre producteurs et débitants de boissons alcoolisées

Le principe est que les débits de boissons concluent des contrats avec les producteurs afin de commercialiser des produits. Par exemple, une des boissons les plus récurrentes dans ces établissements est la bière et l’on retrouve donc le contrat brasseur (ou contrat de bière). C’est un contrat par lequel un distributeur s’engage auprès d’un fournisseur à s’approvisionner exclusivement auprès de lui pour des produits précis et sur une période déterminé en échange d’un service spécifique.

Ce type de contrat a donné lieu à une jurisprudence abondante notamment par le fait que les brasseurs disposent d’une position de force puisqu’ils choisissent le prix auquel ils acceptent la commercialisation de leur produit dans les débits de boissons. Seulement bien souvent ces prix sont au dessus du marché et bloquent parfois les débits de boissons dans la possibilité d’obtenir d’autres contrats avec d’autres vendeur du fait d’une clause d’exclusivité avec ce brasseur.

Il arrive également que les débits de boissons ne respectent pas le contrat avec le producteur.

Pour palier à cela, la justice française veille au grain et a déjà condamné des débits de boissons pour non respect du contrat notamment dans un arrêt rendu par la Cour d’appel d’Aix-en-Provence du 19 septembre 2013 (n°11/19314). La cour condamne à 91 000 euros à titre de dommages intérêts un débit de boissons en considérant qu’elle n’avait jamais exécuté le contrat de bières conclu pour une durée de 5 années et que le débit de boisson ne s’était jamais approvisionné auprès du brasseur.

Les débits de boissons peuvent avoir une obligation de quantité minimale à débiter chaque année lorsqu’il passe un contrat et la justice veille à ce que ces obligations soient respectées et ne soit pas irréalistes pour le débit de boisson (cour d’appel de Lyon du 10 novembre 2016 n°15/05470).

Il arrive que les brasseurs, lors de la conclusion d’un contrat de bière, peuvent prévoir une rupture unilatérale du contrat, une résiliation avec le vendeur en cas de non respect d’une quantité minimale par an.

Il peut arriver également que des décisions soient prises d’interdire la vente d’alcool dans certains lieux et cela peut donner lieu à des litiges. Très récemment pendant le confinement de 2020 lié à la crise du Covid-19, le préfet du Morbihan avait interdit la vente d’alcool fort dans l’optique de lutter contre les violences familiales. Les producteurs et distributeurs de spiritueux avaient trouvé cette décision discriminatoire au regard du droit de la concurrence puisque les ménages se seraient alors tournés vers d’autres boissons alcoolisées. Le préfet avait de tout de même maintenu sa décision.

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