Disque microsillon, disque 33 tours, LP (Long Playing), 45 tours, Extended Play (EP) ou encore galette noire tels sont les termes utilisés pour désigner le vinyle, principal support de diffusion d’enregistrement sonore, commercialisé en masse pendant la seconde moitié du 20e siècle. Si les ventes de vinyles, tout comme celles des disques compacts (CD), ont chuté au profit de la numérisation et plus tard des plateformes de musique en streaming, la galette noire refait un retour inattendu auprès des aficionados de musique. En effet les ventes de vinyle ne cessent de croître depuis quelques années, au point de dépasser celles des CD.
I. Du droit de reproduction à la commercialisation
L’article L. 122-3 du Code de la propriété intellectuelle dispose que « La reproduction consiste dans la fixation matérielle de l’oeuvre par tous procédés qui permettent de la communiquer au public d’une manière indirecte ». Le droit de reproduction offre donc à l’auteur la faculté d’autoriser la fabrication d’une ou plusieurs copies de son oeuvre, que ce soit sur CD ou vinyle. L’auteur doit déposer sa création auprès des Sociétés des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) créée en 1851. Une oeuvre est protégée du fait même de sa création si elle est originale. Pour autant son dépôt va permettre à l’auteur de constituer une preuve d’existence de l’oeuvre. Une demande de reproduction devra obligatoire être autorisée par la SDRM (Société pour l’administration du droit de reproduction mécanique des auteurs, compositeurs, éditeurs, réalisateurs et doubleurs sous-titreurs). La SDMR créée en 1935, composée de la Sacem et de l’ Aeedrm (Association des Éditeurs pour l’Exploitation des Droits de Reproduction Mécanique), a pour missions essentielles :
- d’autoriser la reproduction des oeuvres des répertoires dont elle a la gestion ;
- fixer les conditions de cette autorisation ;
- collecter et répartir les redevances.
Dans la plupart des cas c’est un label discographique, ou plus communément appelé « maison de disque » qui produira, éditera et se chargera de la distribution des enregistrements de l’artiste. À titre d’exemple le label indépendant anglais Domino Records à récemment fait parler de lui. En effet la maison de disques londonienne a signé avec le groupe de shoegaze irlandais My Bloody Valentine, auteur de l’album culte Loveless, sortie en 1991. Ce contrat a permis la publication de l’intégralité du catalogue du groupe sur les plateformes musicales de streaming, après 36 ans de carrière, mais aussi la réédition en versions physiques de chaque album dès le 21 mai prochain.
Un objet vintage issu d’un marché relativement récent
Si le vinyle peut sembler vintage, sa commercialisation est toutefois relativement récente. En effet le marché musical a vu le jour avec l’apparition des 33 tours et du rock & roll, vers la fin des années 50 et du début des années 60. En France il faut attendre les années 1962/1963 pour qu’on atteigne pour la première fois une commercialisation à plus de 10 millions d’exemplaires par an, puis 20 millions d’unités dans les années 1970/1971 pour ensuite exploser à 100 millions entre 1979/1980. Le marché va ensuite s’effondrer peu à peu avant de reprendre vigoureusement dans les années 90 avec l’apparition du CD. Il s’effondrera à nouveau au début des années 2000 au profit des enregistrements numérisés comme le format MP3.
Depuis quelques années le retour du vinyle s’observe auprès des consommateurs. S’il a pu être perçu comme un objet de mode issu de la culture « Hipster », il ne reste pas moins le meilleur support pour profiter d’une qualité sonore plus riche que le format numérique. Pour autant la question fait encore débat.
2020, meilleure année pour le format vinyle depuis plus de 30 ans
Et si la pandémie avait profité au vinyle ? Dans un secteur culturel immobilisé, depuis plus d’un an, le vinyle a la côte auprès des consommateurs français. Selon le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) les ventes de supports physiques ont reculé de -36,8% en 2020. Ce recul s’explique notamment par la fermeture des points de vente lors des confinements au printemps et à l’automne 2020, période durant laquelle où les disquaires n’étaient pas considérés comme commerce « essentiel ». Pour autant la vente de vinyle représente 31% des ventes de supports physiques début 2020 contre 24,6% l’année précédente.
Il n’y a pas que dans l’hexagone que le vinyle ne connait pas la crise. Outre-Manche, selon The Guardian, la vente de vinyles a atteint un record jamais égalée depuis 30 ans. En effet les ventes ont augmenté de 10% et pourraient atteindre la barre des 100 millions de livres sterling. Les ventes sur l’année 2020 auront donc été un record depuis 1990. Et pour rester dans les années 90, l’album le plus vendu outre-Manche en 2020 est (What’s the Story) Morning Glory?, album qu’on ne présente plus, sorti en 1995, du célèbre, voire même du légendaire groupe de rock Oasis. Il est suivi de l’album Rumours du groupe Fleetwood Mac sorti il y a 43 ans. Le vinyle serait-il donc plus prolifique aux vieux groupes de rock ? En France le vinyle le plus vendu est Power Up du groupe AC/DC, sorti en novembre 2020. La meilleure vente de vinyle pour un artiste français se trouve à la 7e place et est assuré par notre Johnny Halliday national, pour son album posthume Son rêve américain.