Le premier avocat IA défendra un humain lors d’un procès aux États-Unis

31 janvier 2023

Le premier avocat IA défendra un humain lors d'un procès aux États-Unis

Si depuis plusieurs semaines le système d’intelligence artificielle ChatGPT semble réinventer les modalités d’apprentissage et de langage, ce dernier interroge toutefois sur le risque que l’IA finisse un jour par remplacer l’homme, le professeur de droit, le praticien, le juriste, ou même l’avocat.

Introduction d’une IA avocat

En effet, l’intelligence artificielle ne cesse de coloniser de plus en plus d’activités, à une vitesse spectaculaire.

C’est désormais le premier avocat IA qui représentera le 22 février 2023 un être humain lors d’un procès à San Francisco (États-Unis), dans le cadre d’une affaire liée à un excès de vitesse. En témoigne alors une extension, très discutée, de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine de la justice.

C’est l’entreprise américaine DoNotPay qui a développé cette intelligence artificielle, en vue de répondre à la “lourdeur de la bureaucratie et aux frais de justice coûteux”. En effet, selon l’American Bar Association, 80% des contribuables américains ayant un faible revenu ne peuvent pas payer une assistance juridique.

L’ambition est donc de rendre gratuite la représentation juridique pour ceux qui ne peuvent pas y accéder, faute de moyens.

Pour réaliser une telle expérience, l’entreprise a alors décidé de cibler une région connaissant un vide juridique, afin d’autoriser la présence d’aide auditive.

Un pari critiqué et risqué qui, en cas de condamnation du requérant, mènera l’entreprise à payer les amendes correspondantes.

Les modalités de fonctionnement de cet “avocat intelligence artificielle”

Joshua Browder, le PDG de DoNotPay, précise que cette dernière consistera en une assistance par écouteurs et “chuchotera à l’oreille exactement ce qu’il faut dire”.

L’avocat intelligence artificielle sera donc, selon son créateur, capable d’indiquer en temps réel à l’accusé l’argument à utiliser pour se défendre.

Toutefois, l’utilisation d’oreillettes lors du procès tend à contourner l’interdiction des téléphones et autres appareils connectés dans les salles d’audience. C’est la raison pour laquelle l’affaire en question, servant d’expérimentation, a été choisie parmi celles connaissant un vide juridique. Par ailleurs, Joshua Browder a précisé que le tribunal ne sera pas au courant de l’assistance apportée par l’intelligence artificielle au cours du procès.

Une intelligence artificielle vivement contestée, dans le sens de la préservation d’une “justice humaine”

Il convient alors de se demander si l’extension de l’intelligence artificielle au domaine de la justice sera soutenue par les avocats, ces derniers étant très attachés à une justice par nature humaine ?

Si ce concept paraît intéressant en ce qu’il serait capable de pallier des difficultés notamment financières, ce dernier est pourtant loin d’être généralisable ou accepté.

Bien que Joshua Browder considère, voire espère, que “les avocats seront définitivement remplacés”, il semble encore difficile d’imaginer dans un futur proche que des requérants puissent se rendre au tribunal avec un simple smartphone en guise d’avocat. Cela dénaturerait totalement la justice, par nature humaine.

Une telle innovation pose alors d’importantes questions éthiques et réglementaires, et menace l’avenir de la profession d’avocat.

À ce titre, les réactions semblent partagées : si certains y sont favorables pour les personnes n’ayant pas les moyens financiers de payer un avocat ou encore pour donner aux avocats existants un outil supplémentaire leur permettant d’obtenir un second avis / d’autres arguments ; d’autres refusent sévèrement d’admettre que les robots puissent un jour prendre le relais et remplacer les êtres humains.

Ainsi, si l’essor et le développement des technologies peuvent remplacer l’humain en matière de calculs, tel n’est pas le cas pour analyser des questions juridiques et socio-psychologiques ni pour prendre des décisions susceptibles de conditionner des procès futurs. N’est-ce pas trop dangereux de laisser l’avenir de la jurisprudence entre les mains d’une intelligence artificielle ?

Enfin, ce système interroge également quant à sa fiabilité, qui ne pourra être vérifiée qu’au terme de plusieurs essais permettant d’obtenir davantage de données et de recul.

Le métier d’avocat est alors loin de disparaître, comme l’énonce Neil Brown “nous sommes loin de pouvoir faire ces choses de manière fiable et nous débarrasser des avocats. Nous devons être très prudents”. Il semble encore aujourd’hui inconcevable qu’une intelligence artificielle puisse remplacer un avocat expérimenté, compétent, réfléchi, et, avant tout, humain.

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