Mondialisation & travail des enfants

9 juin 2021

Mondialisation et travail des enfants

Le travail des enfants est défini comme “l’ensemble des activités qui privent les enfants de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité, et nuisent à leur scolarité, santé, développement physique et mental” selon l’Organisation internationale du travail qui se base sur l’article 32 de la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989. Dans le droit international, ce qui est réprimé, c’est la notion de “child labour”. C’est-à -dire le travail qui va nuire au bien être de l’enfant en l’empêchant d’être scolarisé, et qui lui donne l’obligation de subvenir aux besoins de la famille. Au contraire, la notion de “child work” est bien reçue par le public tant que cela est profitable au développement de l’enfant. Néanmoins, on observe toujours beaucoup trop de cas d’enfants qui travaillent. Le commerce international n’aide pas à éradiquer ce fléau malgré le fait qu’on ait pu observer une évolution à travers les époques pour protéger les enfants.

I- Le travail des enfants d’hier à aujourd’hui.

En France, ce n’est que depuis une loi votée le 22 mars 1841 que l’on commence à s’intéresser au travail des enfants en instaurant un âge minimum pour travailler (8 ans). Cela peut paraître choquant actuellement mais à cette époque, c’était commun de voir les enfants travailler dans l’industrie, les champs agricoles, etc. C’était une nécessité pour subvenir aux besoins de la famille. Ce travail des enfants s’expliquer par le fait que le travail ne nécessitait pas de savoir-faire particulier et que la scolarisation était payante et donc inaccessible pour certains. Avec l’évolution de l’industrie et la complexité des techniques utilisées, une formation devient nécessaire pour travailler et en conséquence moins d’enfants sont sollicités. Toutefois, le véritable tournant dans l’histoire du travail des enfants en France est la gratuité et l’obligation scolaire instaurées par les lois Ferry de 1881 et 1882. 

Suite à cette révolution, d’autres pays ont emboîté le pas à la France et vont rendre l’école obligatoire jusqu’à un certain âge variant de 14 ans jusqu’à 16 ans. On va d’ailleurs retrouver plusieurs conventions internationales dédiées aux enfants dont trois qui sont cruciales. Il y a la Convention n°138 sur l’âge minimum de 1973. Ensuite, il y a la Convention n°182 sur les pires formes de travail des enfants de 1999. Il y a finalement la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée à l’unanimité par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 20 novembre 1989. Généralement, dans le droit international, l’âge adulte est fixé à 18 ans. Mais selon l’âge fixé par les gouvernements pour l’école obligatoire, on peut retrouver des jeunes entre 15 ans et 18 ans qui travaillent et cela est considéré comme légal selon le Bureau international du Travail ainsi que l’ONU. C’est considéré comme du “child work”, c’est -à-dire que cela ne nuit pas au bien être de l’enfant.

Ainsi, on a pu constater une forte baisse du taux de travail des enfants (entre 2000 et 2016 on est passé de 250 millions à 152 millions). Cela s’explique par le fait que de plus en plus d’enfants sont scolarisés. Pourtant, il reste encore 152 millions d’enfants qui sont privés de leur enfance dont 115 millions travaillant dans des secteurs dangereux selon l’Unicef. On est loin de la cible 8.7 des Objectifs de développement durable qui est “d’éradiquer le travail des enfants en 2025”. La protection des enfants est un concept qui semble être méconnu du commerce international.

II- Le commerce international et le travail des enfants.

Le travail des enfants n’est pas dû à un seul facteur mais s’explique par une multitude de raisons. Parmi celles-ci, on retrouve principalement la pauvreté. Il en va de la survie de la famille donc l’enfant doit travailler. Mais il ne faut pas tout assimiler à la pauvreté. D’autres facteurs vont influencer le travail des enfants. Avec la mondialisation de l’économie, les entreprises vont toujours chercher à utiliser une main d’œuvre peu coûteuse. Le fait que les enfants soient une main d’oeuvre “bon marché” intéresse les firmes multinationales et c’est ce qui les incitent à délocaliser leurs entreprises dans des pays où les restrictions sur le travail des enfants ne sont pas encadrées juridiquement. C’est la recherche d’une main d’œuvre bon marché qui pousse les enfants à travailler selon un rapport du Bureau international du Travail en 1996.

Comme l’a dit le directeur général de l’Organisation internationale du travail Guy Rider :  “les produits que nous consommons proviennent d’autres pays du monde et [il] est nécessaire de lutter contre les violations des droits fondamentaux du travail qui se produisent dans les chaînes d’approvisionnement”. Il entend par là qu’il faut mettre en place des vérifications nécessaires sur les produits en provenance étrangère pour vérifier qu’ils répondent bien à la réglementation (pas de travail forcé, pas de travail des enfants, etc). 

En effet, le pourcentage des enfants travaillant dans les chaînes d’approvisionnement mondiales reste important. Par exemple, pour l’Asie de l’Est et du Sud-Est, 26 % des enfants travaillent dans les chaînes d’approvisionnement (voir le rapport Ending child labour, forced labour and human trafficking in global supply chains). Il faut que les gouvernements mettent en place des législations pour une conduite responsable des entreprises à travers le monde. Pour ce faire, il faut traiter le problème à sa racine comme le soulève la directrice de l’Unicef Henrietta Fore. Il faut donc que les familles aient un revenu fixe pour que les enfants puissent aller à l’école tout en garantissant leur protection.

Finalement pour combattre le travail des enfants, il faut d’abord lutter contre la pauvreté, respecter les droits humainsfondamentaux, permettre une éducation pour tous et encadrer l’économie mondiale. Tous ces facteurs ont d’ailleurs été pris en compte par l’alliance 8.7 dans un projet de développement durable qui a pour objectif d’éradiquer le travail des enfants d’ici 2025. Pour ce faire, il faut des efforts politiques internationaux et nationaux.

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