Les NFT : la révolution de la propriété a l’ère numérique

17 décembre 2021

Les NFT : la révolution de la propriété a l’ère numérique

1.8 millions de dollars ; c’est le prix qu’a déboursé un acheteur inconnu pour se procurer le NFT EtherRock #93 le 2 novembre. Et pourtant, ce JPEG d’un simple caillou n’a en apparence aucune autre fonction que d’exister (le site officielle assume d’ailleurs l’absence d’utilité concrète, précisant a propos de cette collection de 100 pièces que l’EtherRock “n’a aucune autre fonction que d’être acheté et vendu”). La valeur de cette actif digital est moins corrélée a sa valeur utilitaire que sa valeur symbolique ; car derrière ce simple JPEG se cache en réalité une technologie en passe de révolutionner la propriété numérique.

I. Définitions

Avant de définir ce qu’est un Non-Fungible Token (Token Non-Fongible), il convient de rappeler la notion de fongibilité. Un actif fongible, c’est un actif interchangeable. Par exemple, si je prend un billet de 20€ et l’échange contre 2 billets de 10€, je ne perds ni ne gagne aucune valeur ; ces billets sont donc des actifs fongibles. A titre d’exemple, l’or, le pétrole ou le Bitcoin sont des actifs fongibles. A l’inverse, un actif non-fongible est un actif unique, qui ne connaît aucun équivalent : un tableau de maître, une maison, ou encore la montre que m’a légué mon grand-père sont des actifs non-fongibles. Et même si un tableau de maître peut être copié à la perfection, ces copies n’atteindront jamais la valeur de l’original car ce sont des copies. Un token, c’est simplement un actif blockchainisé et tout ce qu’il comporte (infalsifiabilité des transactions, sécurité des échanges, enregistrement de ces échanges dans un registre immuable). Dès lors, l’on pourrait définir le NFT comme étant un actif blockchainisé unique, sans valeur équivalente. Mais alors, concrètement, ça sert a quoi?

II. Explications et utilité

Si la blockchain permet d’authentifier les transactions, elle ne permet pas d’authentifier l’authenticité de l’actif vendu ou la licéité des échanges ; elle permet simplement d’authentifier de manière certaine qu’un acteur X a envoyé a un acteur Y un actif Z. L’authentification de l’actif ainsi que des personnes impliquée est du ressort d’autres acteurs. La blockchain est régi par le pseudonymat ; elle n’aura pas besoin de connaître l’identité réelle des acteurs pour authentifier la transaction. Concrètement, le pseudonyme se matérialise par une adresse composé de chiffres et de lettre aléatoires. Celle-ci constituera l’identité de la personne sur la blockchain. Mais si l’identité réelle de la personne (nom, prénom, addresse etc..) n’est pas nécessairement divulguée, elle peut quand même l’être. Et c’est là que réside tout l’intérêt du NFT. Imaginons que Léonard De Vinci souhaite vendre sa Joconde sous forme numérique. Il la digitalise, puis la met en vente sur internet. Personne ne voudra lui acheter : il suffit simplement de taper “La Joconde” pour trouver une version digitale de l’œuvre. Maintenant, imaginons que notre artiste toscan tokenise sa Joconde sur la blockchain et qu’il associe l’identité de sa personne réelle a son adresse de blockchain. La transparence des transactions qu’offre la blockchain et l’immuabilité du registre permettent a tout un chacun de vérifier que c’est bel et bien Léonard De Vinci qui a tokenisé sa Joconde. Et cela lui permet même de contrôler la rareté de son œuvre ; rien ne lui empêche d’émettre 10 copies de sa Joconde (avec toutes les conséquences que cela implique). L’artiste est donc en total contrôle de l’émission de son œuvre. Et l’on peut encore aller plus loin ; la création d’un NFT étant basé sur la technologie smart contract, il pourrait même d’annexer une clause de royaltie a son œuvre digitale, lui permettant de toucher un pourcentage chaque fois que son œuvre est revendue. Le NFT permet ainsi au créateur de se réapproprier totalement son œuvre, de son émission jusqu’à sa revente. Et cette application n’est pas seulement réservé aux grands peintres.

III. Applications

Les NFT peuvent théoriquement s’appliquer a tous les domaines ou la rareté a un enjeu. Premièrement, on pense aux domaines artistiques et culturels : la tokenisation d’une œuvre musicale pourrait faciliter le contrôle de sa distribution par l’artiste. Dans ce domaine, Booba a été précurseur en France avec la vente NFT de son clip TN (25 000 exemplaires écoulés pour un chiffre d’affaire estimé de 500 000€). Ensuite, le domaine des jeux-vidéos. Le modèle du play-to-earn a d’ailleurs le vent en poupe : ce modèle propose au joueur d’exercer un contrôle total sur ses ressources, qu’il peut par exemple revendre contre de la monnaie réelle. Si Ubisoft a annoncé s’intéresser de très près aux jeux blockchainisé, certains ont déjà pris les devant (comme Axie Infinity, qui compte déjà plus de 90 000 Ethereum d’échange sur sa plateforme dédié, soit environ 400 millions d’euros au cours actuel). Enfin, et de manière plus concrète, le domaine de l’immobilier pourrait bénéficier de la
technologie blockchain, la tokenisation d’un acte de propriété permettant la suppression d’intermédiaire parfois très coûteux. Si le NFT n’est pour l’instant qu’un actif de niche, dont seulement une poignée d’initiés
s’arrachent les plus côtés a prix d’or, nul doute que dans un futur proche elle révolutionnera notre rapport a la propriété sur internet.

Derniers articles UYL