Les levées de fonds de demain : les ICO

2 avril 2021

les levées de fonds de demain : les ICO

Début 2017, un service de stockage dénommé Storj, a levé l’équivalent de 30 millions de dollars via une méthode de levée de fonds qui se répand de plus en plus, les ICO. Très peu répandue en France (seulement 4% du financement des actions en 2018), cette méthode explose pourtant aux États-Unis (10,5% du total des levées de fond en 2018). Les ICO agissent ainsi comme des collecteurs de fonds qui permettent aux start-ups d’avoir accès à un financement très rapide. Mais alors comment ça fonctionne ?

Le fonctionnement et la réglementation des ICO 

Une ICO (aussi appelée Initial Coin Offering) fonctionne par l’intermédiaire de tokens ou jetons (des actifs numériques échangeables), émis grâce à des blockchains, contre des cryptomonnaies durant la phase de démarrage d’un projet. Le plus souvent, ces ICO, à l’inverse d’une introduction en bourse, ne représentent pas de parts de capital. On parle plutôt par exemple d’un droit d’usage du service qui est appelé à être développé. 

Grâce aux ICO, les start-up des blockchains peuvent donc récupérer des millions d’euros en seulement quelques jours voire même quelques minutes. Si ce chiffre de 30 millions de dollars évoqué précédemment avec Storj parait énorme, il est finalement incomparable avec les dix plus grosses ICO du monde. En effet, le record est détenu par la blockchain EOS (eos.io) qui a récupéré près de 4 000 millions de dollars, même si ce montant est approximatif car l’ICO d’EOS a duré un an (et pendant cette période, le cours de l’ether a fluctué). 

Malgré leurs atouts considérables, les ICO évoluent dans le flou juridique. À cet égard, elles présentent logiquement des risques potentiels, puisque non réglementées. On peut citer par exemple le fait qu’il n’existe aucune garantie pour les investisseurs car on ne peut pas évaluer la qualité d’un projet qui n’existe pas encore. 

De plus, ce marché n’est régulé par aucun organe de contrôle et le caractère hybride des tokens les rend difficiles à caractériser juridiquement. Jusqu’à aujourd’hui, les ICO ont permis d’éviter la conformité réglementaire et les intermédiaires tels que les sociétés de capital-risque, les banques et les bourses.

En France, lesarticles L. 561-2 et suivants du Code monétaire et financier ne couvrent pas le champ des ICO. C’est pourquoi la loi PACTE s’est penchée sur le sujet dans son article 26 en apportant un cadre juridique aux ICO et la possibilité pour l’AMF de délivrer un label aux projets sérieux. Malgré tout, ce visa n’est pas obligatoire et il nécessite des conditions comme celles d’émettre des utility tokens, non assimilables à des instruments financiers. Le premier visa a été accordé en décembre 2019 a French-ICO, une plateforme de financement de projets en crypto-monnaies, qui fut valable jusqu’en juin 2020.  

Avantages et faiblesses des ICO

De toute évidence, cette nouvelle méthode relative aux ICO parait dangereuse. En effet, n’importe qui peut émettre un titre numérique, ce qui laisse lieu à énormément d’escroqueries. Aussi, le cours des crypto-monnaies est incertain, et peut aboutir à bien des échecs (50% mettent la clé sous la porte en seulement 4 mois). Si la valeur du bitcoin peut quintupler, elle peut aussi perdre énormément de sa valeur en une seule journée, voire en quelques secondes. On remarque par ailleurs un taux d’échec important relatif aux ICO fin 2018 qui s’élevait à 82%. L’influence de la volatilité de la monnaie a donc un impact négatif. Toutefois, pour éviter ces pertes, l’entreprise peut convertir relativement rapidement une partie de ses ICO en euros. 

Aussi, l’ICO ne permet pas de se prémunir contre le risque des taux de change des Tokens ou encore contre les risques technologiques et opérationnels. Un des risques les plus importants réside dans l’anonymat dans les transactions en crypto-actifs et qui met alors en avant la dissimulation ou encore le financement caché du terrorisme. 

Malgré tout, l’ICO, forme capital-risque pair-à-pair, présente un certain nombre d’avantages. D’abord les Tokens permettent de ne pas diluer les capitaux propres, n’étant pas des titres de capital de l’entreprise. Les ICO permettent également de lever des fonds importants sur très peu de temps simplement et rapidement. De plus, ils financent des projets qui n’auraient peut être pas du voir le jour autrement, tout en servant d’outil marketing pour mettre en avant ce même projet. La plateforme permet alors de développer un début de clientèle. 

Les ICO permettent encore de démocratiser le capital-risque en offrant à chacun la possibilité d’investir de son plein gré. Contrairement au capital-risque ou au financement participatif, cela permet aux jetons d’assurer leur liquidité et leur négociation sur le marché secondaire. Enfin, la libre circulation des Tokens, permet au marché de valoriser directement l’usage afférent, de manière directe, et ce, pour toute initiative. Le Token assure l’alignement des intérêts dans le système nouvellement créé. L’ICO apparait donc comme un nouveau mode de financement par emprunt et par fonds propres, qui pourrait résoudre les conflits d’intérêts entre les actionnaires et créanciers.

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