Depuis plus d’un an, l’arrivée du MMA en France fait couler beaucoup d’encre. Son autorisation récente entraine sa démocratisation fulgurante. Alors, quel est ce sport ? Comment fonctionne-t-il ? C’est ce que nous allons vous présenter.
I. L’arrivée du MMA sur le territoire
Le MMA ou Mixed Martial Arts est un sport de combat qui se veut le plus complet possible. En effet, il combine des phases de combats debout et au sol, mais aussi des techniques très diverses : des percussions (comme en boxe), des projections (comme en lutte) et des techniques de soumissions (comme dans le jiu-jitsu brésilien).
À la genèse du sport, l’objectif était de faire se rencontrer des pratiquants de sports de combat de disciplines différentes. L’idée était d’observer quelle discipline dominait les autres. À l’origine ce type de rencontre fût démocratisé par la famille fondatrice du jiu-jitsu brésilien, les Gracie. Ils mettaient en place des « Gracie Challenge » dans lesquels ils offraient des centaines de milliers de dollars à quiconque les battraient. Face à l’extrême violence de ces combats, qui ne comportaient que 2 règles (interdiction des coups dans les yeux, et les parties génitales) de nombreux États ont décidé d’interdire ces rencontres sportives. Mais au fil du temps, face aux garanties qu’offraient les organisations, notamment par la mise en place de règles strictes protégeant la santé des combattants ainsi que des contrôles et un suivi médical poussé ; beaucoup d’États ont finalement autorisé ce sport. La France était récemment l’un des rares pays à encore l’interdire, mais sa législation a été modifiée.
La législation antérieure du MMA en France
En France, l’entrainement en MMA et la pratique en club n’étaient pas interdites, seule faisait l’objet d’interdiction l’organisation de compétitions sportives, tant professionnelles qu’amateur. Un variant du MMA pouvait cependant se pratiquer en compétition : le pancrace. Le pancrace connait les mêmes règles que le MMA, à ceci près que les coups ne sont pas autorisés au sol. Les adversaires debout s’affrontent dans les règles de la lutte et de la boxe, une fois au sol s’appliquent les règles du jiu-jitsu brésilien.
Juridiquement, cette interdiction s’exprimait par l’application des articles L. 331-2, R. 331-47 et R. 331-51 du Code du sport qui subordonnent à déclaration auprès du préfet les manifestations publiques de sports de combat. Ainsi, les tentatives de mise en place de compétitions se voyaient opposer des arrêtés sur le fondement de l’article L. 331-2. Ces arrêtés étaient motivés par « des risques d’atteinte à la dignité, à l’intégrité physique ou à la santé des participants » que présenteraient le MMA. Alors même que de nombreuses études traumatologiques ont démontré que le taux de blessures en MMA est équivalent à ceux des autres sports de combat. Plus encore, le taux de blessures graves, telles que les commotions cérébrales, est plus important en boxe anglaise (7,2%), qu’en MMA (4,2%). (Combative Sports Injuries: An Edmonton Retrospective – PubMed (nih.gov))
L’autorisation du MMA en France.
En 2016, une mission a été confiée à MM. Patrick Vignal et Jacques Grosperrin sur la pratique du MMA en France. Cette mission avait pour objectif de dresser un état des lieux de la pratique, et de faire des propositions concrètes sur l’enseignement, l’encadrement et la réglementation du sport. Suite à cela, la ministre des sports Roxana Maracineanu, lança un appel à manifestation d’intérêts pour les fédérations sportives qui souhaiteraient accueillir le MMA, pour ensuite l’accompagner vers la création d’une fédération indépendante. Par arrêté du 31 janvier 2020, la Fédération française de boxe se voit déléguer la pratique du MMA en France.
D’autres règlementations vont intervenir, afin de rendre accessible la diffusion du MMA auprès du grand public. Le CSA, par délibération du 12 octobre 2020, va encadrer et autoriser la diffusion télévisée des combats de MMA. Il va notamment classer la diffusion de ces combats en catégorie IV (Déconseillé au moins de 16 ans) et poser des conditions d’horaires (diffusion après 22h30). La chaîne du groupe M6 sera l’une des premières à diffuser un combat en France. Ainsi le 18 novembre 2020, plus d’1 million de téléspectateurs ont pu assister à la victoire du champion du monde français Morgan Charrière.
II. L’avenir du MMA en France
La « légalisation » du MMA en France a permis à l’ensemble de ses acteurs d’entreprendre un processus plus sérieux d’organisation.
Comme précédemment évoqué, la Fédération Française de Boxe contrôle le développement de ce sport sur le territoire français. Il est à noter que le rêve d’une Fédération propre au MMA en France devrait se réaliser prochainement, puisque cette dernière est en cours de construction.
Ensuite, de manière délocalisée, ce sont les clubs de MMA qui s’organisent et se développent toujours davantage. Parmi les clubs emblématiques, on retrouve évidemment le MMA Factory avec à sa tête le désormais célèbre Fernand Lopez.
L’autorisation des compétitions de MMA en France fut importante pour ces clubs. L’ensemble des acteurs et praticiens du MMA se réjouissent de pouvoir enfin communiquer sur ce sport, vecteur important de la mise en lumière de la discipline et de bonnes valeurs.
De plus, si le développement de ces clubs est important pour les amateurs et la croissance de la pratique du sport en France, il l’est également au niveau professionnel. En effet, ce sont ces clubs qui ont permis l’émergence de combattants mondialement connus comme Francis Ngannou, Cyril Gane ou encore des stars montantes comme Salahdine Parnasse.
D’ailleurs, sur cette scène internationale, ce sont les organismes de production qui font loi. Ces organismes favorisent également le développement du sport. Si la lutte est acharnée, il est incontestable que l’UFC (Ultimate Fighting Championship) domine dans le secteur depuis plus de 20 ans. Des stars de l’UFC comme Georges Saint-Pierre, Conor McGregor, Ronda Roussey, Khabib Nurmagomedov et bien d’autres, ont tous favorisé cette expansion du MMA sur la scène internationale. La lutte reste pourtant féroce entre ces organisations qui tentent de venir concurrencer l’UFC comme le Bellator, le TKO, le Cage Warriors ou encore le KSW.
Enfin, il est à noter que les combattants Français sont à l’honneur sur cette scène internationale. On retrouvera notamment le 27 mars 2021, le combat opposant Francis Ngannou et Stipe Miocic pour la plus prestigieuse des ceintures, celle des poids lourds de l’UFC.
Si les amateurs de MMA Français ne doutent plus de voir le franco-camerounais prendre cette ceinture pour un bon moment, le premier UFC en France à Paris est en cours de développement. Une possible défense de ceinture par Francis Ngannou face Cyril Gane sur le sol français en fait rêver plus d’un, et devrait permettre de continuer la démocratisation du MMA en France.